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#FIFM - Critique du film "El Jockey" par les étudiants ÉSEC

Dans le cadre de leur participation au Festival international du film de Marrakech, les étudiants de l'ÉSEC ont eu l'opportunité de découvrir le film El Jockey réalisé par Luis Ortega. Nos étudiants partagent leurs impressions suite à cette projection et analysent les choix artistiques du réalisateur.

Résumé du film

L’histoire de El Jockey nous plonge dans le parcours chaotique de Remo, un jockey toxicomane qui subit un grave accident lors d’une course, en compagnie de sa compagne Abril, enceinte. Lorsqu'il se réveille à l'hôpital, il fuit pour échapper à son patron, un puissant mafieux de Buenos Aires. Errant dans la ville, Remo entame une transformation profonde, une métamorphose qui l’amène à embrasser sa véritable identité. Le film se fait le miroir de ses errances intérieures, tout en suivant un cheminement physique et psychologique vers la liberté.

Une errance surréaliste entre liberté et identité

Melvil, étudiant en deuxième année à l'ÉSEC Paris  a eu la chance de découvrir El Jockey de Luis Ortega lors de son expérience unique au Festival International du Film de Marrakech. Ce film, sélectionné en compétition officielle du festival, a capté son attention en raison de la créativité visuelle et narrative sans limite du réalisateur. Dans cette critique, il revient sur les spécificités de l'œuvre et sa propre perception du film.

Un film hybride et inclassable

El Jockey est un long-métrage de fiction qui se distingue par sa capacité à mélanger sans complexe plusieurs genres cinématographiques. Du burlesque au drame, en passant par le film de mafieux et le surréalisme, le film défie les conventions et se nourrit des codes de divers styles. Ces variations sont d'autant plus marquées par la thématique centrale du film : la quête de soi d'un personnage marginalisé, Remo.

Les effets de style sont également omniprésents. La caméra subjective, les compositions symétriques et millimétrées, ainsi que les chorégraphies audacieuses participent à cette construction visuelle forte.

Ce mélange de genres, loin de nuire à la cohérence de l'œuvre, crée un film hybride, inclassable, qui semble vouloir dépasser les frontières des genres pour servir un récit avant tout. Le film échappe ainsi aux cases cinématographiques traditionnelles et offre une expérience immersive et sans compromis.

une expérience sensorielle

Si le film ne cherche pas à transmettre un message précis, il vise à plonger le spectateur dans une expérience cinématographique brute et sensorielle. Luis Ortega fait le choix de placer le spectateur dans la peau de Remo, un personnage complexe et marginalisé à la fois par ses addictions et sa transidentité. À travers cette démarche, le réalisateur normalise le changement de genre du personnage, déconstruisant ainsi les stéréotypes.

El Jockey s'inscrit dans une forme de cinéma postmoderne, où les règles classiques du récit et de la mise en scène sont déconstruites pour favoriser une narration plus libre. L’esthétique du film, tout en recyclant des éléments issus de courants cinématographiques passés, propose une relecture nouvelle des références visuelles et narratives. On peut notamment voir l'influence de Luis Buñuel dans la dimension surréaliste, de Buster Keaton dans l’humour visuel et de Pedro Almodóvar dans le travail des couleurs et des décors. 

La mise en scène de la psyché du personnage joue un rôle essentiel dans l’expérience cinématographique du film. En l'exposant aux sensations extrêmes et à l'absurde, Ortega fait ressentir au spectateur le même malaise, la même confusion que celle traversée par Remo. 

Pour ceux qui cherchent une comparaison avec une autre œuvre cinématographique, El Jockey rappelle l’approche de Xavier Dolan dans Laurence Anyways. Tout comme dans le film de Dolan, qui suit le parcours d’une femme transgenre affirmant son identité, El Jockey nous propose une réflexion sur la transidentité, bien que cette dernière soit abordée sous un angle plus surréaliste et expérimental. En outre, les deux films utilisent des dispositifs visuels similaires, notamment dans la mise en scène des transitions psychologiques des personnages, et l’esthétique proche du clip musical.

Rencontre avec Nahuel Pérez Biscayart

Lors d’un échange privilégié avec Nahuel Pérez Biscayart, acteur principal du film, nos étudiants ont eu l’opportunité d’en apprendre davantage sur la méthode de travail de Luis Ortega. Biscayart a expliqué qu’il jouissait d'une grande liberté sur le plateau, et que de nombreuses chorégraphies étaient improvisées. L’acteur a souligné que cette liberté permettait de libérer la créativité et d'offrir des performances plus authentiques et spontanées.

Biscayart a également confirmé que Luis Ortega n’avait pas de références cinématographiques précises pour écrire le film. L’inspiration de El Jockey vient d’un étrange personnage errant croisé par Ortega lors d’une nuit à Buenos Aires. Ce personnage, entre la réalité et la fiction, a nourri le film, donnant ainsi naissance à une œuvre profondément ancrée dans l'expérience du réalisateur.

Une expérience enrichissante

Participer au partenariat entre l’ÉSEC et le Festival International du Film de Marrakech a été une expérience plus qu'enrichissante pour nos jeunes cinastes. En plus de découvrir des œuvres inédites et fascinantes, les discussions avec des cinéastes du monde entier leur ont ouvert l’esprit à de nouvelles perspectives cinématographiques, leur permettant de voir le cinéma sous un angle plus global et engagé.

 


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